Subsonic, l’anti-Deezer/Spotify

subsonic-logoS’il est bien une chose qui est particulièrement jouissive dans la vie du sysadmin (outre la bouteille de whisky dont Madame Michu vous gratifie après chaque dépannage), c’est bien d’étaler votre science devant un parterre de collègues profanes qui d’ordinaire n’ont que faire des arcanes de votre spécialité. L’exemple du jour est particulièrement parlant. Cataclysme planétaire ! Après Spotify qui restreint l’écoute gratuite de musique à 10 heures par mois, c’est au tour de Deezer d’annoncer une limite de 5 heures (ce n’est pas comme si le pathétique directeur de la Star’Ac d’Universal Music France n’avait pas déjà annoncé la couleur, passons…). La cafétéria est en ébullition, tout le monde ne parle que de ça. Intérieurement vous jubilez, d’abord à l’idée des dizaines de Kio/s de bande passante qui vont être de nouveau disponibles mais surtout parce que vous, ça fait un bail que vous n’avez plus recours à ces services étant donné que vous hébergez un serveur Subsonic à la maison. Vous attendez donc que votre collègue de droite finisse de s’étouffer avec ses choux de Bruxelles pour sortir le PC portable qui ne vous quitte jamais (on est professionnel ou on ne l’est pas) et dans le silence qui suit ce geste, vous faîtes une démonstration des possibilités de ce fantastique logiciel. En guise de dessert vous saisissez votre smartphone, appuyez sur l’icône au sous-marin jaune et achevez par ce geste impérial de compléter votre triomphe, car oui il y a aussi une application pour Subsonic et pas que pour l’iPhone. Allez hop, un café et l’addition !

Subsonic est donc un serveur de streaming multimédia. Exploitant Java, il est multi-plateforme mais dans un soucis de préservation de mes rentrées régulières de bouteilles de whisky, j’exposerai ici uniquement l’installation sous GNU/Linux Debian et dérivés. Les binaires (ainsi que les instructions d’installation) pour les plateformes Windows, Mac OSX, GNU/Linux RPM-DEB et Java (stand-alone) sont disponibles ici.

Pré-requis :

  • GNU/Linux Debian 6 « Squeeze »

Conventions :

  • prompt : # commande : exécuter la commande sous le compte root ou précédée de la commande « sudo »
  • prompt : $ commande : exécuter la commande sous le compte utilisateur

On commence par installer Java si ce n’est pas déjà fait :

# apt-get install openjdk-6-jre

Puis on télécharge le dernier paquet .deb en date et on l’installe :

# cd /tmp
# wget http://sourceforge.net/projects/subsonic/files/subsonic/4.4/subsonic-4.4.deb/download  
# mv download subsonic-4.4.deb
# dpkg -i subsonic-4.4.deb

Par défaut Subsonic est disponible à l’adresse http://myserver:4040, mais le diplôme de sysadmin étant assorti d’une mention paranoïa, on va modifier le port en éditant le fichier /etc/default/subsonic :

# nano /etc/default/subsonic

Changer le port 4040 par —au hasard— 51983, dans la ligne suivante :

SUBSONIC_ARGS="--port=51983 --max-memory=100"

Sauvegarder le fichier et redémarrer le serveur Subsonic :

# /etc/init.d/subsonic restart

Le serveur étant maintenant accessible à l’adresse http://myserver:51983, il ne reste plus qu’à finir la configuration en se connectant avec les identifiant et mot de passe « admin/admin »

Un guide en 3 parties nous aide alors à terminer la configuration.

La première chose à faire est de créer un nouveau compte utilisateur et surtout de changer le mot de passe du compte « admin ». On indique ensuite le dossier qui va accueillir notre bibliothèque musicale et on finit par configurer les paramètres réseaux en redirigeant sur le routeur (par UPnP ou manuellement) le port précédemment configuré vers le serveur qui héberge Subsonic (sinon point d’accès depuis Internet, du moins en IPv4…).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il ne reste plus maintenant qu’à transférer la bibliothèque musicale dans le dossier indiqué. D’un point de vue général, l’interface est relativement bien faite même si la possibilité de déporter la liste de lecture vers la partie droite de l’écran aurait été la bienvenue. A noter que Subsonic ne se limite pas uniquement au streaming de fichiers musicaux, il prend aussi en charge les podcasts, WebTV, WebRadios et moyennant un don le streaming vidéo et le streaming audio vers les smartphones. L’auteur suggère un montant de 20€ ce qui n’est vraiment pas cher payé aux vues des services offerts (dommage toutefois qu’on ne puisse pas payer en whisky…). Toutes ces fonctions feront l’objet d’un prochain article quand j’aurais eu le temps de tout tester, notamment la partie vidéo.

Évidemment une fois votre démonstration digérée, un esprit chagrin mais moins obtus que les autres vous fera remarquer que Amazon Cloud Drive et Google Music arrivent bientôt et que « c’est la même chose ». Sauf que le service d’Amazon est limité à 5 Gio et celui de Google, s’il permet d’héberger plusieurs dizaines de milliers de titres, rien ne dit que ça restera gratuit, sans compter que le service est encore en Bêta (Google oblige) et uniquement accessible sur invitation et au USA. A l’heure où un hébergement mutualisé avec 25 Gio de stockage coûte autant par mois qu’une pression au troquet du coin, il serait dommage pour ceux que l’auto-hébergement répugne de se priver d’une telle solution. J’oubliais mais comme toutes les bonnes choses, Subsonic est sous licence GNU-GPLv3, mais est-ce la peine de le préciser ?!

 

5 commentaires

  1. Intéressant et très bon article.
    Ce logiciel m’a l’air des plus sympathique.
    Malgré tout ca ne remplace pas un Spotify dont l’intérêt ne se limite pas au streaming audio.
    Spotify a ses (nombreuses ?) limites, mais que serait-ce sans son ennorme bibliothèque ?
    Un serveur DLNA est en effet très pratique mais pour la musique je ne suis pas sur qu’on puisse vraiment le comparer à un service comme Spotify ou même Deezer (je précise que je déteste ce dernier)

    1. Je te rejoins tout à fait sur le principal intérêt des plate-formes de streaming, à savoir leur catalogue et la souplesse d’utilisation ainsi que l’aspect découverte de titres. Le titre de l’article est volontairement provocateur car Submarine n’est pas vraiment un concurrent de Spotify/Deezer/Jiwa/Grooveshark et ses potes, il s’inscrit dans une démarche d’autonomie et de contrôle de son informatique. Son intérêt est, pour moi, de ne pas dépendre de ces plate-formes et surtout des majors qui peuvent décider d’une année sur l’autre de ne plus proposer leur catalogue. Un ami (sysadmin, il est vrai) m’a récemment dit qu’il avait installé Submarine car il en a eu marre de voir ses playlists pleines de trous suite au retrait de tel ou tel artiste. À terme, il n’y aura plus de CD vendus, la plupart de la consommation de musique passera par le cloud (dixit les marchands de cloud), j’ai beaucoup de mal à me dire que mon droit à pouvoir écouter un artiste dépendra du bon vouloir d’un de ces marchands. L’auto-hébergement pose d’autres problèmes mais c’est un autre débat 🙂

      1. Je suis tout à fait d’accord pour les maisons de disques. Ça devrait plus exister, il devrait y avoir que des sociétés de production.

  2. Je te rejoins complètement.
    Pour avoir découvert cette plateforme depuis quelques jours. J’ai enfin trouvé ce qui m’émancipait de toutes ces offres contrôlées et formatées par les Majors.

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